Ambréville 15 octobre 1914.
Cher parents.
Nous avons quitté Clermont ce matin à 9 h30 pour
arriver ici 1 heure après et nous y cantonnons jusqu'à
nouvel ordre.
Ici j'ai trouvé le 31 ème RI et je me suis mis en
quête de renseignements sur Marcel... Ici, j'ai tout appris
par le bureau du colonel. On m'a conduit à la Cie. de Marcel
et j'ai causé avec un caporal réserviste(Casanelli,
69 rue Blanche Paris) qui se trouvait aux côtés de
Marcel pendant le combat de Moers, près de Longuyon, le 24 août. J'ai appris une nouvelle bien pénible,
et je dois vous dire que ce pauvre Marcel est dans un monde meilleur
que le nôtre. Nous avons la consolation de savoir qu'il
n'a pas souffert du tout. L'affaire fut chaude et il y eut beaucoup
de morts ce jour là. Marcel fut frappé à
la tête, sur le côté droit , par un éclat
d'obus qui lui ouvrit le crâne, il fut tué sur le
coup, n'ayant pas même le temps de dire un mot. Ceci se
passait à l'ouest de Moers sur le sommet d'une crête
et le 31 ème dût battre en retraite sans avoir le
temps d'enterrer ses morts ni de ramener les blessés. Comme
témoins de sa mort il y eut également le sergent
d'active Imbault et le sergent réserviste Bryant mais je
n'ai pu les voir car ils sont tous les deux évacués.
Voilà donc hélas ! la première victime de
cette maudite guerre dans notre famille. Nous avons au moins l'honneur
de savoir qu'il est tombé courageusement en faisant son
devoir de français.
Je vous embrasse......
Louis