Toutes les correspondances
des nombreux amis que Louis Salmon a laissés derrière
lui sont unanimes sur les éloges qu'ils font de lui : déjà
le 30 octobre 1914, Mr Rouchy, Notaire à Marvéjols,
écrit à son père pour lui annoncer qu'il
est proposé au grade de capitaine et cité à
l'ordre de l'armée, il fait part de sa bravoure, de son
énergie, de son sens méthodique de l'organisation
et de la décision, conscient de ses responsabilités.
Un capitaine comme il nous les faudrait tous !
Les réservistes qui le connaissent sont heureux de partir
sous ses ordres.
Le 19 août 1914, Louis Salmon est affecté au 46e RI, (III ème armée, Cdt. Sarrail), comme Lieutenant. Il sera à Dombasle, en Argonne, dès le 25 août. Blessé dans le dos le 2 septembre, soigné à l'hôpital de Bar le Duc le 3, il rejoint le dépôt du 46 ème RI à Marvéjols le 10.
Le 3 octobre 1914, il rejoint le front à Clermont en Argonne. Le mardi 6 octobre à 8 heures, il prend le commandement de la 2 ème Cie. du 46e RI, 19e Brigade, 10e DI, 5e Corps d'Armée, à la ferme de Bezemont, au cours d'une attaque. Le Général de Division le nomme capitaine à la 2 ème Cie du 46e RI le 19 octobre 1914.
Ce livret appartient au capitaine
Salmon du 46e Rgt. d'Infanterie de Fontainebleau.
Si trouvé mort sur le champ de bataille prière de
renvoyer les objets lui appartenant à Mr. Salmon Champagne
sur Seine, Seine et Marne.
Suit la traduction de ce texte en allemand.
- Mercredi
19 : arrivée au 46e
RI à Fontainebleau.
-Mardi 25
: 12 h, départ de 1 000
hommes pour Châlons.
- Mercredi
26 : 9 h, arrivée à
Dombasle en Argonne. Départ à 16 h, arrivée
à Avocourt à 21 h, 19 Kms. sous la pluie. Cantonnement
à Avocourt.
- Jeudi 27
: 11 h 1/2, départ d'Avocourt, arrivée
à Montblainville à 18 h. Couché à
Montblainville.
- Vendredi
28 : 14 h, départ de
Montblainville. Arrivée à Exermont à 18 h.
- Samedi 29 : 10 h départ d'Exermont, 13 h arrive
à St. Juvin. Attente prolongée, couché à
Marcq.
Lettre du 29-8
- Dimanche 30
: 4 h réveil. En route
sur Fossé, arrivée vers 13 h. Engagement de 17 h
à 20 h ; l'affaire très bien commencée, se
terminera dans la nuit, ce qui causera certaines méprises.
Couché à la ferme à l'est de Fossé
; de garde.
- Lundi 31
: A l'aube le combat reprend
et 2 h plus tard nous nous replions sur la route de Fossé
à Buzancy. Toute la journée sur place sous un soleil
torride ; sommes face à Hocmont ; avons à notre
gauche le 2e corps et notre droite les 4e et 6e corps. Duel d'artillerie
jusqu'à la nuit. Passons la nuit aux avant-postes.
- Mardi 1er
: 4 h départ de Fossé
par Bayonville, Champigneulle, Fléville et cantonné
à Montblainville.
- Mercredi
2 : 4 h réveil ; pris
position au NO de Charpentry. Construisons tranchées que
nous abandonnons pour nous porter en avant avec le 89e à
notre droite. Vers 11 h, engageons combat ; avons infanterie allemande
aux lisières des bois de 800 à 1 200 mètres
en avant. Exécutons feux pendant une heure avec beaux résultats.
L'ennemi recule sans tirer sur nous puis ouvrant enfin un feu
de mitrailleuse, suis légèrement blessé dans
le dos, à gauche. Ai quitté la ligne de feu et suis
transporté à Clermont ; départ de Clermont
à 18 h, arrivé à Bar-le-Duc vers 21 h . Entrée
à l'hôpital.
- Jeudi 3
: Hôpital.
- Vendredi
4 : Hôpital; 13 h départ
par chemin de fer sur Troyes.
- Samedi 5 :
Le train continue très
lentement vers Troyes ; voies ferrées très encombrées.
A 15 h sommes encore à 10 kms de Troyes bloqués
; descendu et fait la route à pieds, arrivée à
Troyes à 17 h.
Lettre du 5-9
- Dimanche 6 : Été à la place qui
m'indique Montereau comme gare de rassemblement du 5e corps. A
15 h, départ sur Montereau par train militaire avec le
44e d'artillerie.
- Lundi 7
: Arrivée à
Fontainebleau à 13 h.
- Mardi 8
: 13 h, départ de Fontainebleau.
- Mercredi 9 :Continuation voyage.
- Jeudi 10
: 5 h Béziers, 23 h
arrivée à Marvéjols.
- Vendredi
11 : Installation du cantonnement
de Marvéjols ; pris le commandement du détachement.
Télégraphié Île d'Yeu et Argenton.
- Samedi 12
: Sélection des hommes
de la compagnie. Rencontré W.Casson, Capitaine de Cavalerie
anglaise 27 th Light Cavalery. Écrit île d'Yeu.
- Dimanche
13 au vendredi 2 octobre : Cantonnement
à Marvéjols.
- Samedi 3
: 16 h départ de Marvéjols.
- Dimanche
4 : Arrivée à
Laroche.
- Lundi 5
: Arrivée à
Clermont en Argonne.
- Mardi 6
: Vers 8 h pr is commandement
2e Cie, à la ferme de Bezemont. Arrivé à
la ferme de Bezemont au cours d'une attaque j'ai trouvé
tué le Sous-lieutenant Dechamps qui commandait la Cie.
Pendant une 1/2 h restons sous le feu de quelques patrouilleurs
que nous repoussons ; pertes 9 tués dont 2 sergents ; une
dizaine de blessés. Jusqu'à la nuit, nous sommes
bombardés sans interruption. A la nuit nous commençons
des tranchées en avant et travaillons jusqu'à 3
h du matin.
- Jeudi 8 : Restons aux avant-postes. A 17h sommes
relevés par le 89e et rentrons cantonner à Neuvilly.
- Vendredi
9 : 8 h sommes relevés
par 131e et rentrons à Courcelle. A 14 h le 1er bataillon
se rend à Clermont pour y garder l'EM du corps d'armée.
- Samedi 10
à mercredi 14 : Séjour
à Clermont.
- Jeudi 15
: Départ de Clermont
à 9 h 30 et arrivée à 10 h 30 à Aubréville.
Vu Captaine adjoint au Colonel du 31e. Pr is renseignements sur
caporal Marcel Par is dont la mort me fut annoncée. Il
fut tué à l'ouest de Mons près de Longuyon
le 24 août, par un éclat d'obus à la tete.
Témoins
de sa mort Capitaine Casanelli 69 rue Blanche Paris, Segt. active
Imbault et Sergt. réserve Bryant, ces 2 derniers évacués.
Lettre 15-10
- Vendredi 16 au lundi 19 ; Séjour au cantonnement à
Aubréville. Promu Capitaine.
- Mardi 20 : 6
h 30 départ d'Aubréville pour les côtes de
Forimont où nous relevons le 331e en avant garde. Pr is
les avant-postes dans les tranchées en face de Vauquois.
- Mercredi
21 à vendredi 23 :
Avant-postes.
- Samedi 24
: 5 h quittons l'emplacement
occupé face à Vauquois pour prendre avant-postes
à côté de la route Neuvilly - Boureuilles.
- Dimanche
25 à mardi 27 : Maintien
sur ces avant-postes.
- Mercredi
28 : 14 h , commence attaque
de Vauquois (1er Bataillons des 46e RI, 89e, 331e.
- Jeudi 29
: Suite attaque Vauquois
- Vendredi
30 et samedi 31: Même
emplacement.
- Dimanche 1er au lundi 9 : Occupons lisières du bois et tranchées en arrière de Buzémont ; Construisons cabane souterraine que nous baptisons "Jyldiz".
Lettre du 4-11
- Mardi 10 : Relevés par 44e colonial, nous
rendons à Futeau où arrivons vers 9 h.
- mercredi
11 : Cantonnement à
Futeau.
- jeudi 12 : 5 h 50 départ de Futeau pour Clermont
où cantonnons.
- Vendredi
13 à lundi 16 : Cantonnement
à Clermont et vaccin typhoïde.
Lettre du 14-11
- Mardi 17 : 20 h départ de Clermont.
- Mercredi
18 : 2 h relève du
26e dans les tranchées de Bolante face à la route
Ferme de Paris à Varennes. Reçu petit éclat
de grenade.
- Jeudi 19
et vendredi 20 : Infirmerie.
Lettre du 20-11
- Samedi 21 : Rentrée à la Cie.
- Dimanche
22 à mercredi 25 :
Tranchées à Bolante.
- Jeudi 26
: 3 h, départ des tranchées,
9 h arrivée au repos à Futeau.
- Vendredi
27 à mercredi 2 décembre : Repos à Futeau.
- Jeudi 3 : 18 h 30 départ de Futeau.
- Vendredi
4 à jeudi 10 : Occupons
tranchées à Bolante.
- Vendredi
11 : 1 h 30 sommes relevés
par 76e, cantonnons aux Vignettes près des Islettes.
- Samedi 12 à
mercredi 16 : Repos.
Lettre du 14-12
- Jeudi 17 : 21 h, départ pour relever le 76e
dans les tranchées au ravin des courtes-chausses.
- Vendredi
18 à dimanche 27
Ravin des courtes-chausses.
- Lundi 28
: 3 h relevés par 76e,
allons au repos à Pierr...
- Mardi 29
: 5 h 30. Départ pour
tranchées en avant du ravin des Meurissons - au chemin
creux.
- Mercredi
30, jeudi 31 : Tranchées
en avant du ravin des Meurissons - au chemin creux.
- Vendredi
1er à mercredi 6 :
Tranchées en avant du ravin des Meurissons - au chemin
creux.
- Jeudi 7
: 8 h, attaque des allemands
sur nos tranchées après avoir fait sauter une mine.
Les Cies. à ma droite, 3e et 1e, fléchissent et
perdent leur 1e ligne de tranchées ; nous repoussons l'attaque
faite sur notre front et conservons nos emplacements ; faisons
11 prisonniers. La nuit travaillons à aménager la
ligne.
- Vendredi
8 : 9 h, nos Cies. de droite
et celle de réserve en arrière disparaissent soudainement
sans nous prévenir et sommes aussitôt encerclés
de toutes parts par allemands en nombre supérieur. Sommes
cueillis de tous côtés et faits prisonniers. Couchons
à Courcy.
Ces événements seront relatés en détails dans le rapport remis au Commandant du dépôt du 46 ème Régiment d'infanterie à son retour de captivité.
NDLR :Sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Erwin_Rommel#Dans_l.27arm.C3.A9e_imp.C3.A9riale
Biographie de Erwin Rommel, il est écrit : Début janvier 1915, sa blessure à peine cicatrisée, il retourne dans son régiment sur le front de l'Argonne. (124e d'infenterie)
Etant compagnie de gauche du bataillon, et la liaison de ce côté avec le 76e d'infanterie n'étant pas immédiate, je dus, afin de protéger le Bataillon, et garder le chemin creux, placer une demie section au fond du ravin. Le restant de la compagnie , vu la conformité du terrain et les positions à défendre, étaient réparties sur deux faces. Le 7 janvier vers 7 heures du matin, les mines préparées par l'ennemi devant nos lignes sautèrent, et celui-ci passa à l'assaut; notre feu l'arrêta, mais quelques hommes avaient réussi à prendre pied dans des boyaux où nous travaillions en vue d'établir une tranchée parallèle. Je parvins moi-même à faire prisonniers 11 hommes qui y avaient pénétré et qui, immédiatement, furent dirigés sur le poste du Chef de bataillon. L'ennemi répéta ses assauts durant toute la journée, mais toujours il fut repoussé. Le soir la position de ma compagnie était la même, mais, à ma droite, un poste allemand avait réussi à s'établir dans une partie des lignes de la compagnie voisine. Le lendemain matin, 8 janvier, l'attaque recommença avec la même violence et la compagnie, dont le front n'avait pas bougé, résistait avec le même acharnement. Une partie de mes tranchées s'étant éboulée et comblée à la suite du bombardement de l'artillerie, ma compagnie fut coupée en deux. A ce moment, apprenant que le secteur gauche de ma compagnie se trouvait en danger d'être cernée par l'ennemi qui venait de foncer entre ma gauche et le 76e, je me dirigeai vers le fond du ravin afin de me rendre compte exactement de la situation lorsque, au tournant d'un boyau, je tombai tout-à-coup dans une patrouille ennemie. Dix minutes plus tard, je parvins à m'échapper et me diriger vers ma tranchée de départ où j'espérais retrouver une partie de ma compagnie, mais tous les hommes avaient été ramassés entre temps. Je fus, du reste, poursuivi par l'ennemi qui me recaptura
- Samedi 9
: Nous rendons à Bayonville
où nous couchons.
- Dimanche
10 : Allons à Stenay
où sommes embarqués vers 16 h.
- Lundi 11
: Chemin de fer.
- Mardi 12
: Arrivée à
Friedberg à 18 h.